Tell us, l’expérience des jeunes en entreprise décryptée : au cœur du tutorat…

Le tutorat est souvent perçu comme un pilier essentiel pour l'intégration et l’évolution des jeunes talents au sein des entreprises.

Pourtant, les retours des jeunes talents, recueillis auprès de milliers d’alternants et de stagiaires dans le cadre de notre étude Tell us, montrent qu’il existe encore de larges zones d’ombre dans la manière dont le tutorat est structuré et mis en œuvre.

Entre les expériences positives, où l’accompagnement est une véritable opportunité d’apprentissage, et les moments où l’encadrement est totalement loupé, l’expérience du tutorat se révèle être un facteur clé majeur de la réussite ou de l’échec d’un stage ou d’une alternance.

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Les forces du tutorat : un encadrement qui donne confiance

Lorsqu’il est bien mené, le tutorat permet aux jeunes talents de se sentir accompagnés et valorisés. Les témoignages des jeunes talents mettant en avant des tuteurs disponibles, bienveillants et compétents montrent que ces qualités ont un impact direct sur l’épanouissement du stagiaire ou de l’alternant.

Un bon tuteur sait écouter, donner du feedback constructif et faire preuve de pédagogie. Il accompagne le jeune dans sa montée en compétences, tout en lui permettant de développer son autonomie.

De nombreux jeunes témoignent de missions stimulantes et variées qui leur ont permis de se sentir réellement impliqués dans les projets de l’entreprise.

Ce sentiment de responsabilisation est essentiel pour l'engagement des jeunes talents, qui voient leurs missions comme une opportunité de se développer, plutôt que comme des simples tâches à accomplir.

La confiance est également un point central de cette relation. Quand un tuteur fait confiance à son apprenant et lui permet de prendre des initiatives, cela booste la motivation et l’engagement du jeune.

Des missions qui prennent du sens, accompagnées de suivis réguliers, sont des éléments clés pour créer un environnement de travail où le jeune se sent soutenu et valorisé.

Orange et Safran se distinguent en particulier par la qualité de leur tutorat, en offrant un accompagnement personnalisé et de haut niveau aux jeunes talents. Ces deux entreprises privilégient une approche humaine et engageante, où les tuteurs ne se contentent pas de superviser, mais jouent un rôle clé dans la montée en compétence de leurs stagiaires et alternants.

Les points d’amélioration : quand le tutorat devient un fardeau

Mais les innombrables verbatims recueillis montrent que l’expérience n’est pas toujours aussi positive. Le manque de disponibilité et le débordement de certains tuteurs ressortent de façon récurrente dans l’étude.

De nombreux jeunes témoignent du fait que leur tuteur était trop occupé ou indisponible, souvent à cause de responsabilités hiérarchiques importantes.

Le manque de temps pour former et encadrer correctement un apprenant conduit à une dérive du rôle de tuteur, qui devient alors plus un manager qu’un formateur. La situation crée un climat de frustration et d’incertitude, surtout lorsqu'il n'y a pas de relais pour suivre le jeune de manière plus soutenue.

Les jeunes mentionnent également un manque d’organisation dans la gestion des missions. Certains tuteurs n'ont pas toujours pris le temps d’expliquer les missions de manière détaillée, ni d’encadrer ou de hiérarchiser correctement les tâches confiées.

Sans un cadre clair et des objectifs bien définis, les alternants se retrouvent parfois à effectuer des tâches peu valorisantes ou en dehors de leurs compétences, ce qui nuit à leur développement.

Un autre point de friction concerne le manque de formation des tuteurs eux-mêmes. En effet, plusieurs témoignages soulignent que le manque de préparation des tuteurs dans leur rôle de formateurs peut conduire à une relation malveillante ou négligente.

Les tuteurs doivent être formés à leur rôle afin d’être conscients des enjeux du tutorat, comprendre les attentes des jeunes et savoir comment leur transmettre efficacement leur savoir-faire.

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Tutorat : ce que les entreprises peuvent apprendre des retours des jeunes

Pour éviter ces dérives et garantir une expérience de tutorat positive, voici quelques bonnes pratiques à mettre en place :

  1. Sélectionner des tuteurs motivés et disponibles : Il est essentiel que les tuteurs soient non seulement compétents, mais aussi volontaires et disponibles pour accompagner un jeune. Un tuteur trop débordé par ses responsabilités ne pourra pas offrir le suivi nécessaire à son apprenant.
  2. Mettre en place un suivi structuré : Un suivi régulier des missions et des objectifs est essentiel. Organisez des points hebdomadaires ou mensuels avec des bilans clairs pour évaluer l’avancée du jeune, mais aussi pour identifier les difficultés et les zones de blocage. Cela permet également de maintenir une communication fluide et d’ajuster les missions si nécessaire.
  3. Former les tuteurs : Proposez des formations sur l’art du tutorat avant de confier un jeune à vos tuteurs (surtout ceux qui n’ont jamais eu cette expérience), notamment sur la pédagogie, l’écoute active, et l’accompagnement des jeunes dans leur montée en compétences. Les tuteurs doivent comprendre que leur rôle est avant tout de transmettre des savoir-faire et de soutenir leur apprenant dans son évolution professionnelle. Le e-Learning TUTOR, créé par Engagement Jeunes et le CFA EVE, peut vous aider dans cette perspective. Il est gratuit.
  4. Clarifier les attentes et les missions : Dès le début de l’expérience, assurez-vous que les missions sont claires et adaptées au niveau de l’alternant ou du stagiaire (et à ce qu’attendent les écoles pour valider les diplômes des jeunes). Chaque mission doit avoir un objectif précis et être en adéquation avec la formation suivie. Cela permet de maintenir la motivation et de s’assurer que le jeune développe réellement des compétences utiles.
  5. Instaurer un climat de bienveillance et de confiance : Un tutorat réussi repose sur une relation de confiance. Il est essentiel que le tuteur soit bienveillant, patient, et à l’écoute des besoins de son apprenant. Il doit lui permettre de poser des questions sans crainte et de faire des erreurs pour progresser.

Au final : un tutorat de qualité, un atout pour l'entreprise

L'expérience du tutorat fait toute la différence dans l’intégration et le développement des jeunes talents au sein d’une entreprise.

Un bon tuteur, bien formé et disponible, peut transformer l’alternance en une expérience enrichissante et motivante pour le jeune. À l’inverse, un mauvais tutorat peut avoir des conséquences désastreuses, non seulement pour l’alternant, mais aussi pour l’entreprise.

Nous conseillons aux entreprises d’investir dans la formation de leurs tuteurs et de veiller à ce que chaque jeune talent bénéficie d’un accompagnement de qualité, à la fois technique et humain.

Un tutorat bien mené est un véritable levier de développement, tant pour les jeunes talents que pour l’entreprise qui les accueille, mais aussi pour le tuteur, qui apprend également de la relation.