Missions
Le silure aux abords des ouvrages de franchissement en grandes rivières : facteurs de présence et évaluation des possibilités de gestion par phonotaxie
CONTEXTE
Afin d'atténuer les pressions qui s’exercent sur les
espèces migratrices amphihalines et de rétablir la libre circulation au niveau des ouvrages hydrauliques, des dispositifs de franchissement comme des passes à bassins ou des ascenseurs à poissons ont été construits. Ces dispositifs constituent cependant des goulets d’étranglement concentrant les espèces et où les migrateurs amphihalins comme les aloses, la lamproie marine ou le saumon Atlantique se retrouvent confrontés à un prédateur opportuniste, le silure, capable de prédater ces espèces migratrices au stade adulte et d'exercer une pression de prédation importante, notamment au printemps lors de la phase de montaison vers les sites de reproduction.
OBJECTIFS
Des ouvrages de franchissement sont équipés de stations de vidéo-comptage permettant de suivre en continu leur fréquentation. Le premier objectif sera d’exploiter ces chroniques de suivi pour caractériser les patrons temporels de fréquentation des passes à poissons à la fois par les silures, les espèces amphihalines et les autres espèces holobiotiques, ainsi que pour quantifier le degré de synchronisme entre le silure et ses proies potentielles, tout en intégrant l’influence des conditions environnementales. Cette analyse donnera une vision globale à l’échelle du territoire et permettra d’identifier les sites à enjeux prioritaires et les périodes clés auxquelles des actions de gestion pourraient être menées pour diminuer la pression des silures sur les migrateurs.
Le silure possède d’excellentes capacités auditives. Typiquement, les silures sont attirés lorsque les aloses frappent violemment la surface de l'eau à l'aide de leur nageoire caudale lors des « bulls » de reproduction. La technique de pêche au clonk consistant à attirer les silures en émettant un bruit caractéristique à la surface de l’eau l’illustre également très bien. Cependant, dans les zones de pêche intensive, le clonk les fait fuir, ce qui souligne leurs capacités d’apprentissage. Ce deuxième axe visera à utiliser ces capacités d’apprentissage pour tester la possibilité de conditionner le comportement du silure par phonotaxie. Des stimuli acoustiques attractifs seront diffusés et associés à une expérience désagréable, par exemple un léger choc électrique, pour que le silure apprenne à associer les sons à un stimulus nocif et, ainsi conditionné, finisse par fuir à la seule écoute des signaux initialement attractifs. Les possibilités de conditionnement et son efficacité seront évaluées dans un lac naturel expérimental où les mouvements d’un pool de silures seront suivis par télémétrie acoustique. En parallèle, la méthodologie sera testée aux abords d'un ouvrage de franchissement, en situation réelle, et évaluée à l'aide de caméra acoustique. L'objectif sera d'aboutir à un outil destiné aux gestionnaires.
Profil recherché
FORMATION ET COMPETENCES RECHERCHEES
Nous recherchons un(e) étudiant(e) possédant une solide formation en écologie aquatique (master 2 ou équivalent) avec un intérêt particulier pour le compartiment poissons et les études comportementales.
L’étudiant(e) devra être motivé(e) à la fois par l’analyse de données (exploration, synthèse et statistique) et les
expérimentations en équipe sur le terrain, 2 composantes essentielles de ce travail. L’étudiant(e) aura à cœur de produire de nouvelles connaissances en vue d’applications par les gestionnaires. La maîtrise de l’anglais est indispensable.
ENCADREMENT
Directeur de thèse (Ecole Doctorale 251) : Samuel Westrelin (INRAE/RECOVER)
Co-directeurs : Romain Roy (EDF/LNHE) et Vincent Médoc (CRNL/ENES)
STRUCTURES D’ACCUEIL
L’étudiant(e) partagera son temps entre Chatou (EDF/LNHE) et Aix-en-Provence (INRAE/RECOVER)
DATE SOUHAITEE DE DEMARRAGE : entre juin et octobre 2025
DUREE : 36 mois